Dra. Yolanda Wood, une ressource pour l'art caribéen

Dra. Yolanda Wood est une critique d’art, professeure et chercheuse cubaine. Elle a animé les séminaires en critique d’art du Centre d’Art qui s’est déroulé en ligne les jeudis 7, 14, 28 avril et le jeudi 5 mai 2022. La docteure en histoire de l’art a dispensé des séminaires enrichissants en seulement 4 séances. La membre du Conseil scientifique du Centre d’Art a apporté sa contribution dans la formation de professionnels capables de produire des réflexions critiques sur les œuvres d’art et les travaux de commissariat d’exposition, une carence en Haïti et dans la région caribéenne. 

Le Centre d’Art s’est entretenu avec elle en marge de la formation. 

Centre d’Art : Après environ un mois d’animation des séminaires en critique d’art, quelle est votre plus grande satisfaction ?

Yolanda Wood : Ce fut une grande satisfaction d’apprécier l’intérêt des participants, leur implication dans le projet et d’assumer l’intensité du processus de travail avec le désir d’aboutir à leur commentaire critique sur l’artiste sélectionné.

CDA : Qu’est-ce qui vous a porté à accepter d’animer ce séminaire ?

YW : J’ai une longue relation professionnelle et personnelle avec Haïti. Depuis de nombreuses années, j`ai cultivé cette relation avec ses artistes, ses spécialistes et ses institutions. Notamment avec le Centre d´art de Port-au-Prince, où j ´ai été nommée membre de son Conseil scientifique et en telle condition j´ai participé à diverses réunions de travail et projet. De même avec d’autres pays de la Caraïbe, car je me suis consacrée aux études d’art de la région tout au long de ma carrière professionnelle. Je tiens donc à remercier Dominique Brebion, critique d’art et spécialiste en art visuel de l’île de la Martinique, pour m’avoir proposé pour ces séminaires sur la critique d’art, ainsi que Fanny Van Gucht qui m’avait contactée et m’avait fait confiance pour le réaliser. Aussi, je voudrais remercier le Centre d´Art pour avoir facilité la plateforme digitale de travail, car les séminaires se sont produits sur zoom. 

CDA : Quel rôle pensez-vous que ce séminaire va jouer dans l’univers

artistique haïtien et caribéen ?

YW : Elle a été une expérience enrichissante, en particulier pour les participants qui, en raison de la nature de résidence croisée des projets artistiques des neuf femmes artistes, ont dû étendre leur regard au-delà d’Haïti pour les projeter vers d’autres expériences dans d’autres îles des Caraïbes. Je pense qu’en ce sens le séminaire a été très productif.

CDA : En quoi remarquez-vous la pertinence d’un tel séminaire ?

YW : Oui, très pertinente, pour proposer un accompagnement de formation et d’échange d’idées à l’exposition qui a été inaugurée à la Maison Dufort. Je pense que c’est un autre aspect très utile pour élargir le spectre de ce projet et promouvoir une transversalité intéressante dans la relation entre production, circulation et critique d’art.

CDA : Que pensez-vous du Centre d’Art ?

YW : Je pense que c’est une institution historique avec plus de soixante-dix ans d’existence, et avec une grande importance dans l’art haïtien, non seulement pour son travail dans le domaine de la création mais aussi pour la documentation qu’elle chérit tant dans les œuvres d’art que dans la documentation d’archives qui constitue une partie de la mémoire haïtienne. La récupération de cette collection a été une tâche intense après le tremblement de terre. Et dans ce processus, leurs fonctions au sein de la société et dans un contexte caribéen et international plus large, se sont aussi réhabilitées.

CDA : Mme Wood, avec quel sentiment avez-vous animé les séminaires en critique d’art ?

YW : D’abord avec un grand intérêt à pouvoir être utile aux participants pour retrouver les chemins de leur écriture. Le travail a été intense car on devait obtenir des résultats dans quatre sessions du séminaire. Il a fallu générer un espace ouvert d’échange et d’expression créative pour leurs imaginaires, en prenant comme références fondamentales les travaux réalisés par les artistes lors de leurs résidences croisées, mais en tenant compte de sa diversité et les intérêts réfléchis de chacun des participants dans son choix des artistes et des œuvres. En général, ils étaient vraiment motivés et ça a été très fondamental.  De mon côté, une série de stratégies et d’outils ont été mis en pratique pour qu´ils puissent construire des textes contemporains, menant à sa possible publication, orientés vers divers lecteurs et médias. C´est notre rêve.