Ciné d’Art : l’évolution fulgurante de la plasticienne Marithou
Le Centre d’Art a réalisé,le samedi 24 juin, la projection du film “𝐌𝐚𝐫𝐢𝐭𝐡𝐨𝐮, 𝐅𝐞𝐦𝐦𝐞 𝐩𝐞𝐢𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐝’𝐇𝐚ï𝐭𝐢”. Dans ce court métrage, le réalisateur Arnold Antonin souligne l’évolution fulgurante et la versatilité de la plasticienne.
Marie-Thérèse Dupoux semblait échapper un temps au sort familial. Contrairement à son père qui fut luthier, sa mère modiste, sa sœur peintre, ses tantes et cousines artistes, elle s’est aventurée dans l’univers du soin de beauté. Après sa formation au Wilfried Academy de New York en 1969, elle s’est consacrée à une carrière d’esthéticienne qui durera 15 ans.
Quand finalement Marithou décida d’embrasser une carrière de plasticien, elle la commença dans le secret. Seule, elle dessinait et peignait avant de les révéler au peintre Néhémy Jean pour appréciation.
En 1982, elle réalisa sa première exposition. Cette restitution de ses visuels établit son premier contact avec le public. Si celui-ci a aperçu en elle une artiste qui n’a pas encore trouvé sa propre voie, il a vu tout de même la promesse d’une riche carrière.
Marithou fréquenta les ateliers de Jean-Pierre Théard et Roland Dorcély pour améliorer sa technique. Sa rencontre avec Luce Turnier allait bouleverser sa vision artistique. Elle s’est émancipée de l’influence de « …l’école de la beauté. J’ai exploré les natures mortes, les objets, les fruits. C’était très intéressant. Ça m’a appris à regarder les choses d’une autre façon. Je ne regardais plus l’objet en tant qu’objet, je le regardais en tant que forme, couleur, reflet, lumière », a expliqué Marithou dans le film d’Arnold Antonin réalisé en 2004. Le Dr. Michel Philippe Lerebours a comparé la peinture de Marie-Thérèse Dupoux de cette époque à l’eau de rose. « Une peinture très facile, trop facile », a-t-il martelé, intervenant aussi dans le film.
C’est sa rencontre avec Tiga (Jean-Claude Garoute) qui a marqué le tournant dans sa carrière. La fréquentation de l’homme fort du mouvement Saint Soleil lui a apporté la liberté. Elle s’est libérée, et son œuvre aussi. « J’ai fait ce que j’ai voulu faire. N’importe quoi, sans avoir à trop réfléchir, laissant mon instinct parler », se souvient-elle.
Le Dr Lerbours explique qu’à cette période la plasticienne a réalisé qu’elle devait être elle-même. « Elle a rapidement compris qu’il fallait se débarrasser des influences scolaires. Et brusquement il y a eu cette explosion : Marithou allant parfois au-delà du figuratif dans une maîtrise totale de la ligne et de la couleur ; une quête permanente de structures nouvelles, de couleurs neuves et aussi d’images », a-t-il détaillé avant d’analyser ses œuvres qui ont été créées tout juste avant la réalisation du court métrage. « Marithou est tombée dans le futurisme. Lorsque je dis futurisme, ce n’est pas le futurisme technique. Mais le futurisme image, la projection sur un monde d’avenir où l’homme va s’assimiler à la machine. Et là je crois qu’il y a un sens de la créativité remarquable ».
Cette évolution dans l’art de Marie-Thérèse Dupoux, que l’éminent historien de l’art qualifie de ‘’rapide’’, est due à une quête permanente qui lui évite toute stagnation.
Marithou est caractérisée par cette volonté de toujours étendre ses limites, de ne jamais se reposer sur ses lauriers. Elle s’est aussi introduite à la céramique et à la sculpture. C’est à l’atelier Mabouya de Lissa Jeannot Talleyrand que l’artiste Martithou a appris et maîtrisé l’une des techniques de cuissons la plus complexe en céramique: le Raku.