SIMIL (SIMILIEN Emilcar)
« La présentation des personnages, la perspective tordue de l’art Égyptien, les parures viennent du fait que pendant mes études secondaires j’ai fait de l’orfèvrerie. Je les trouve sublime. Mes personnages sont en noirs car le corps ne m’intéresse pas. C’est ce qui va avec qui m’intéresse ».
SIMIL © Archives du Centre d’Art, propos recueilli le 29 mars 2018
SIMIL, de son vrai nom Emilcar SIMILien, est né le 28 aout 1944 à Saint-Marc. Ainé d’une famille de 3 enfants, son père Orius SIMILIEN est maître d’hôtel et sa mère Clotilde Molière couturière.
SIMIL termine ses études primaires à l’école Frère Hervé, l’école des frères de l’instruction chrétienne (F.IC.) à Saint-Marc en 1958 et poursuit ses études secondaires au Lycée Toussaint Louverture à Port-au-Prince de 1959 à 1964. Tout au long de son cycle secondaire, pendant les grandes vacances, il suit d’autres formations, certaines non diplômantes, telles que l’orfèvrerie, la mécanique automobile (1962–63), d’autres d’un niveau licence telle que la télécommunication.
Passionné de dessin dès son plus jeune âge, il démontre un goût réel pour la peinture et est admis sur concours à l’académie des Beaux-Arts de Port-au-Prince après son baccalauréat en 1965.
A l’académie des Beaux-Arts, il étudie la peinture, le moulage, la sculpture. Au cours de sa 3e année, SIMIL entame un profond dialogue avec le professeur Montaguelli qui lui enseigne non seulement l’art mais aussi « une certaine attitude envers l’art, la constance des efforts et la recherche nécessaire pour trouver la beauté[1] ». Il décroche cette année-là une licence en histoire de l’art de l’Académie aujourd’hui appelée l’Ecole Nationale des Arts (ENARTS).
Alors encore étudiant en 5e année, il est assistant-professeur avant d’enseigner au Collège des Arts et Métiers Juan Vasquez puis d’être promu chargé des cours d’histoire de l’art et d’esthétique à l’académie des beaux-Arts à Port-au-Prince. Il travaille un certain temps avec Georges Paul Hector dans son atelier à ‘‘Coumbite 67’’ et réalise une sculpture en marbre de 1.90 m de hauteur, intitulée ‘‘Le Christ de Saut-d’eau’’. La sculpture, surmontée d’une plaque commémorative, est placée sur le site sacré vaudou éponyme situé dans le département du Centre.
Au Beaux-Arts en 1971, seuls deux étudiants, Emmanuel Sterlin et SIMIL, ressortent avec le diplôme de fin de cursus en main. L’année suivante, en 1972, il expose seul pour la première fois à l’auditorium de l’Ambassade d’Italie au salon Dante Alighieri au Bicentenaire sur la Place des Nations (Port-au-Prince). Il présente au public des peintures, des céramiques, des tissus peints et des dessins. SIMIL a exercé les fonctions de directeur de la cinémathèque et de la bibliothèque de la société Dante Alighieri de l’Ambassade d’Italie.
SIMIL s’intéresse à tout et sa curiosité intellectuelle le pousse à se passionner pour la littérature, la philosophie, les langues étrangères, le cinéma et la musique. Il joue du trombone à coulisse et du violon.
De 1974 à 1976, il part pour l’Amérique du Nord dans le but de préparer son exposition, Dix états de la conscience noire, de décembre 1976 à la Galerie Monnin. Dans sa quête de sens, il rencontre des commissaires d’exposition et visite des musées, des universités et des bibliothèques aux Etats-Unis et au Canada. Il entretiendra des correspondances avec des professeurs d’anthropologie culturelle des Universités de Laval et de Yale.
SIMIL fut l’un des fondateurs de l’Association Nationale des Artistes Haïtiens créé en 1977.
Influencé par Gustav Klimt, peintre symboliste autrichien de la Sécession viennoise, la plupart des œuvres de SIMIL sont représentées par de sombres silhouettes de femmes ornées de bijoux en or. SIMIL dit s’inspirer de « la perspective tordue de l’art Egyptien, la façon que l’art égyptien présente les personnages qui sont de face mais la tête de profil sur fonds clairs. Bien que ça change un peu aujourd’hui mais je suis toujours dans les profils. Maintenant je les peins avec des masques. Les parures viennent du fait que pendant mes études secondaires, j’ai fait de l’orfèvrerie lors d’une de mes grandes vacances. Quand je suis rentré aux Beaux-Arts, étant donné que je ne pouvais plus en faire je les mettais dans mes tableaux. Je les trouve sublimes. Mes personnages sont en noirs car pour moi le corps ne m’intéresse pas. C’est ce qui va avec qui m’intéresse[2] ».
SIMIL peint avec des acryliques sur masonite (hardboard) et ses œuvres sont le fruit de longues veilles qui reflètent une technique élaborée, d’une précision et d’une finesse remarquable[3].
Ses thèmes de prédilection sont la beauté, l’élégance et la grâce.
En 2015, il entre au Centre d’Art comme professeur d’un cours « de vie privée des couleurs », puis initie à l’analyse d’œuvres avant d’encadrer aujourd’hui un atelier ouvert.
En octobre 2017, SIMIL participe à la vente aux enchères organisée par le Centre d’Art et la maison PIASA à Paris où son œuvre « Femme en son boudoir » acrylique (79 x 79 cm) daté de 1979, est adjugée à quarante-trois mille euros, quote rarement atteinte au cours des dernières années par l’art haïtien.
Son travail est inclus dans de grandes collections notamment en Haïti, aux États-Unis, au Danemark, en Europe.
SIMIL vit et travaille actuellement en Haïti.
[1] Galerie Monnin, Biographies [d’artistes haïtiens] : Port-au-Prince. s.d.
[2] © Archives du Centre d’Art, propos recueilli au cours d’un entretien le 29 mars 2018.
[3]https://www.lecentredart.org/cours-activites/films-dart-commentes-avec-SIMIL/
EXPOSITIONS
Années 2020
– 2021, Rétrospective à la Galerie Nader, Galerie d’art Nader, Pétion-ville, Haïti.
Années 2000
– 2005, 255e exposition du Centre d’Art, La peinture Haïtienne en Symbiose, Le Centre d’Art, Port-au-Prince, Haïti.
– 2003, Etter com, Kunstnernes Hus, Norvège, Oslo.
Années 1990
– 1998, Droits de l’homme, Utopie, Défi, Réalités, 1948 – 1998, les créateurs haïtiens, Bureau d’Haïti, UNESCO. 1998.
– 1990, Modern haitian Masters, Galerie Malraux, Californie, Los Angeles, États-Unis
Années 1980
– 1989, Peinture moderne d’Haïti, Bibliothèque Schœlcher, Fort de France, Martinique.
– 1989, The many Faces of Haitian Painting, Milton Rhodes Gallery, Berkeley, États-Unis.
– 1984, Tropicos, Centre Saint Martial, Ministère de la culture, Angoulême, France.
– 1983, Peinture haïtienne, Musée international d’art naïf Anatole Jakovsky, Nice, France.
Années 1970
– 1979, Haitian Art, New Orleans Museum of Art, Nouvelles Orléans, États-Unis.
– 1979, Kunst aus Haïti, Staatlichen Kunsthalle, Berlin, Allemagne.
– 1978, Haitian Art, The Brooklyn Museum, New York, États-Unis.
– 1978, Haitian Art, Milwaukee Art Center, Wisconsin, Milwaukee, États-Unis.
VENTE AUX ENCHÈRES
– 2017, Haïti : l’exception artistique, Art Haïtien de 1940 à nos jours, PIASA, Paris, France en partenariat avec Le Centre d’Art de Port-au-Prince.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
– ALEXIS Gérald. Peintres Haïtiens, éditions Cercle d’Art, Paris, 2000.
– BIEN-AIME Kesler, PAUL Ronald C. Initiation au Patrimoine Culturel d’Haïti, volume 2, inisyasyon nan patrimwan kiltirèl peyi Dayiti, volim 2, Réf-Culture, Bukante Editorial, Bibliothèque National d’Haïti : Port-au-Prince. 1E Édition, Décembre 2015.
– LEREBOURS Michel-Philippe, Bref regard sur deux siècles de peinture haïtienne (1804-2004 ; Brief Overview of two Centuries of Haitian Painting (1804-2004, Editions de l’Université d’Etat d’Haïti : Port-au-Prince, Haïti. 2018.
-NADAL-GARDERE Marie-José, BLONCOURT Gérald, BELL Elisabeth (traductrice), La peinture Haitienne, Haitian Arts, éditions Nathan : Paris, France. 1986.
– DROT Jean-Marie. La rencontre des 2 mondes vue par les peintres d’Haïti, Edizioni Carte Segrete. 1992.
– PATAKI Eva. Haitian Painting, Art and Kitsch, Adams press: Chicago, Illinois, États-Unis. 1986.
– RODMAN Selden. Where Art is Joy. Haitian Art: The First forty years, Ruggles de Latour, New York, 1988.
– STEBICH Ute. Haitian Art, The Brooklyn Museum, Harry N. Abrams publishers: New York. 1978.
– POUPEYE Veerle. Caribbean Art, Thames and Hudson: London. 1998.
CATALOGUES D’EXPOSITIONS
– Modern Haitian Masters, Galerie Malraux : Los Angeles. Novembre – Décembre 1990
– Peinture Haïtienne, Musée international d’art naïf Anatole Jakovsky : Nice. 19 février-29 avril 1983.
– Haitian Art: The Third Generation with overlook at the first and second Mind 1979, selection and text by Selden Rodman.
– Kunst aus Haïti, The Brooklyn Museum, Berliner Festspiele GmbH– exposition itinérante. 1978 – 1979.
ARTICLES
– LAHENS Wébert. Des icônes de l’École de la beauté chez Nader, Le Nouvelliste, Port-au-Prince. 4 février 2021.
WEBOGRAPHIE
– http://lenouvelliste.com/article/179772/des-icones-de-lecole-de-la-beaute-chez-nader
– https://www.galerienaderhaiti.com/artist
– http://www.naderhaitianart.com/SIMIL-emilcar-SIMILien-haitian-b-1944/
– https://www.lecentredart.org/cours-activites/films-dart-commentes-avec-SIMIL/
– http://www.askart.com/artist/Emilcar_SIMILien_SIMIL/11130617/Emilcar_SIMILien_SIMIL.aspx
– http://www.artshaitian.com/Pages/haitianartSIMIL.html
– https://lenouvelliste.com/article/225232/retrospective-a-la-galerie-nader
– https://lenouvelliste.com/article/179772/des-icones-de-lecole-de-la-beaute-chez-nader