Éditorial 2024 : Couleurs d’une saison nouvelle ? 

Michèle Duvivier Pierre-Louis, Présidente du Conseil d’administration du Centre d’Art

La disposition vitale au renouvellement
est le ferment de créer

Mahmoud Darwich

2024, année de commémoration des quatre-vingts ans du Centre d’Art ! Nous l’avions souhaité pleine de rencontres, d’ateliers de création, d’expositions, pour célébrer ce temps long d’une incroyable production d’œuvres d’art qui disent ce pays, son histoire, sa nature, de mille façons, qui honorent ses dieux, qui sculptent ses malheurs et ses espoirs.

Les destructeurs de rêves et de vies en ont voulu autrement, et la folie dévastatrice s’est emparée de tous les espaces ou presque.

Mais l’art a ses ruses et ses détours.

Cette même année 2024 s’est ouverte par la belle exposition de Shneider Léon Hilaire à la galerie Magnin-A, à Paris, du 13 janvier au 16 mars. Le jeune artiste a sans doute appris de ses aînés, Frantz Zéphirin, Pascale Monnin, Simil, Mario Benjamin, mais il s’est vite émancipé, et les œuvres exposées en donnent grandement la preuve. Le titre de l’exposition : Nou ak sa n pa wè yo. Comme pour dire, à travers ces paysages où l’évanescence des gris, la transparence du blanc et l’écarlate du rouge, que les invisibles veillent, jugent, inspirent et portent à la création. Un langage propre à soi qui réinvente les mythologies et leurs rituels.

Mais le Centre d’Art, c’est aussi ce qui s’y passe quotidiennement : les formations dans différents champs des arts visuels pour des jeunes avides de s’inscrire dans une dynamique d’apprentissage et de proposer leurs premiers essais. C’est le lieu même des « découvertes » de nouveaux talents qui, au fil du temps, verront leurs œuvres exposées ici et ailleurs.

Et s’il est vrai que ce lieu patrimonial a permis et permet encore à des artistes et des communautés d’artistes d’exister, c’est aussi celui où les tâches quotidiennes sont accomplies avec maîtrise par un personnel dédié. Grâce à l’Agence française de développement, de nouvelles perspectives de collaboration et de formation avec Idées Cultures et le Centre Pompidou lui permettront d’être mieux équipé pour la préservation et la protection des collections, missions importantes également dévolues au Centre d’Art.

Malgré les préparatifs assidus des deux commissaires Veerle Poupeye et Edouard Duval-Carrié, la grande exposition Wozo des quatre-vingts ans n’aura pas lieu en 2024, mais, nous l’espérons, en 2025. En attendant une date précise, le catalogue sera bientôt sous presse et disponible au public.

Si le début de l’année a mis en scène un artiste du Centre d’Art à Paris, c’est encore là qu’un autre artiste fidélisé au CDA, un plasticien accompli, connu pour ses sculptures remarquables, a exposé ses tableaux à la galerie Christophe Person. Céleur Jean Hérard, aux côtés du Nigérian Nduka Ikechukwu, a présenté Anomalie, du 19 octobre au 10 novembre 2024, croisement innovant qui dit le monde sans concession.

2025 ?

Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube
Aimé Césaire

L’art vivra, le Centre d’Art aussi.

Michèle Duvivier Pierre-Louis

Présidente du Conseil d’administration

Décembre 2024