"Anomalie", Céleur Jean Hérard sera exposé à la galerie Christophe Person, à Paris
« Anomalie » est une exposition en duo qui mettra en regard les œuvres des plasticiens haïtien Céleur Jean Hérard et nigérian Nduka Ikechukwu à partir du 19 octobre 2024.
Après “Nou ak sa n pa wè yo”, l’exposition à succès de Shneider L. Hilaire, un autre artiste du Centre d’Art occupera la scène artistique parisienne.
Le Centre d’Art et la galerie Christophe Person inaugureront le 19 octobre 2024 l’exposition « Anomalie », qui se poursuivra jusqu’au 10 novembre 2024. Elle rend hommage aux racines africaines d’Haïti et à son combat pour maintenir son art, tout en établissant un pont avec l’Afrique de l’Est et la jeune génération.
« Anomalie » met en regard les œuvres de deux plasticiens issus de générations et de cultures différentes, qui, néanmoins, partagent des similitudes : une appréhension métaphysique de la couleur, exprimant tantôt la douleur, tantôt l’espoir ; un même attrait pour les formes fluides et circulaires ; et une croyance inébranlable en la solidarité entre les êtres.
Céleur, dont le discours a inspiré le thème d’“Anomalie”, a été proposé par
le Centre d’Art. « Christophe et moi, nous nous sommes mis d’accord sur Céleur. Nous avons voulu présenter ses peintures à l’international, ce qui n’a pas encore été fait. Le monde le connaît depuis le début de sa carrière comme un sculpteur majeur, mais nous voulons maintenant le montrer aussi comme peintre », a confié Allenby Augustin, Directeur exécutif du Centre d’Art. « Nous avons déjà exposé ses peintures en Haïti dans le cadre du Fonds pour la Création Visuelle du Centre d’Art. Cela a été une belle expérience. Nous comptons donc le faire à une plus grande échelle », a-t-il ajouté.
En 2022, le Centre d’Art avait exposé, lors de la restitution-vente du Fonds pour la Création Visuelle, neuf peintures de grandes dimensions, dont huit au format 50×90. Ses œuvres, arborant une esthétique de la métamorphose, avaient émerveillé les visiteurs qui ne s’attendaient pas à le voir explorer ce medium.
Céleur a commencé à peindre en 2017, lors de vacances aux États-Unis. « Je m’ennuyais. J’étais chez un ami qui avait des toiles et des peintures. Alors, je me suis mis à peindre », se souvient-il.
« Quand je suis rentré en Haïti, j’ai montré mes œuvres à quelques amis. J’étais étonné de voir qu’elles suscitaient des critiques, alors même que je ne les avais pas encore exposées », a-t-il confié avec joie.
Céleur souhaitait se consacrer à la peinture lorsqu’il n’aurait plus la même énergie pour continuer avec la sculpture. Mais le Programme de Soutien à la Création du Centre d’Art a changé ses plans. « J’ai proposé un projet où je devais réaliser quatre sculptures et huit peintures. À l’issue du programme, nous avons exposé les toiles. C’était ma première exposition de peintures », a-t-il ajouté.
Ces œuvres témoignent aussi de son engagement envers la cause qu’il défend. Parmi les œuvres exposées, l’une représente une femme enceinte, coincée en permanence dans le processus de l’accouchement. « Cette femme symbolise Haïti, qui n’a pas encore franchi une étape cruciale », a-t-il expliqué.
Cependant, Céleur refuse de limiter sa cause à Haïti. « Le monde est également en déclin. Le message s’adresse à lui aussi », a-t-il conclu.
Né à Port-au-Prince en 1966, Céleur Jean Hérard est un sculpteur et membre fondateur du collectif Atis Rezistans aux côtés d’André Eugène et de Frantz Jacques, dit Guyodo. Ce collectif s’inscrit dans le mouvement de la « Grand Rue », initié au début des années 1970 par le sculpteur Georges Laratte, et qui occupe une cour de cet axe principal de Port-au-Prince, bien connue des touristes et des amateurs d’art.
D’abord sculpteur sur bois, Céleur a ensuite intégré la récupération de métal et d’autres matériaux dans ses sculptures. Ses rencontres avec le sculpteur Nasson en 1990, puis avec Mario Benjamin au début des années 2000, ont marqué des étapes importantes dans l’évolution de son travail. Principalement connu pour ses sculptures, Céleur peint depuis le début des années 2020. Il aborde la réalité quotidienne avec un langage novateur, brisant les frontières entre le réel et l’imaginaire. Son travail est empreint d’une violence expressive et d’une forme de transgression. Il crée pour mettre en lumière les violences et frustrations du quotidien, cherchant à éveiller les consciences. Céleur ressent profondément les inégalités, et ses œuvres en portent les stigmates.
Nduka Ikechukwu (né en 1997 à Uke, Nigéria) est diplômé de la prestigieuse école d’art de Nsukka. Il a été le premier lauréat du prix Art Report Africa en 2023. Il s’inspire de son environnement et de son identité, notamment de la culture de son peuple Igbo.
Le médium artistique de Nduka transcende l’ornement créatif avec des ceintures à sangles cousues sous forme de tapisseries colorées. Sa pratique est influencée par plusieurs idéologies Igbo, telles que « Ogbuefi », « Akuluono » et « Igba Boi », qui prônent toutes le pouvoir, la force économique et la solidarité communautaire dans le sud-est du Nigeria.