Atelier de création multimédia: Pour l’art, Alexis et Haïti
© Charly Amazan
L’artiste plasticienne Pascale Monnin a animé du 14 février au 2 mars au Centre d’Art un atelier de création multimédia en hommage à l’écrivain Jacques Stéphen Alexis, l’une des figures de proue de la littérature haïtienne.
L’atelier de création multimédia devait s’inscrire dans le sillage des célébrations de la 200e année de naissance de l’écrivain haïtien Jacques Stéphen Alexis, amorcée par le Ministère de la Culture et de la Communication en 2022. « J’étais censée être là en novembre 2022. L’atelier a été repoussé en 2023. De toute manière, on peut célébrer la mémoire d’un écrivain à tout moment », a relativisé Pascale Antonin en marge de la restitution de l’atelier qu’elle a animé.
L’artiste plasticienne qui voue une grande admiration pour Alexis et son œuvre, a voulu rejoindre la grande messe des célébrations. Surtout dans ce contexte où ses engagements, ses rêves, son sacrifice pour essayer de changer les choses dans le pays « peuvent nous aider à questionner notre réalité ».
Cependant, la sculptrice a voulu partager cet instant de création avec des jeunes. Non pas seulement des artistes des arts visuels, mais certains des arts vivants, aussi des écrivains. Et essayer d’aboutir à une création pluridisciplinaire. Une installation à mi-chemin entre l’écriture, le dessin, la peinture, la lumière. « Chaque personne a une voix et a quelque chose à dire. Pour moi, c’est une installation qui est comme une question. Une question posée à la société, aux participants, à ceux qui sont venus voir l’installation sur comment peut-on s’engager pour un changement en Haïti. Questionner l’engagement. Comment est-ce qu’on peut s’engager pour que les choses changent ? Qu’est-ce qui s’est passé depuis les années soixante où Alexis écrivait et aujourd’hui ? », s’est interrogée Pascale Monnin.
L’installation créée dans le cadre de cet atelier mélange écriture, dessin et couture, une forme de vitrail bleu qui rassemble des portraits d’Alexis, des dessins, des sirènes, des textes de Jacques Stéphen Alexis, ainsi que des cartes postales écrites par les participants au cours des ateliers et qui lui sont adressés. « J’étais à Trinidad and Tobago dans le cadre de résidences croisées. J’avais commencé une première pièce qui jouait sur les lumières et les matières plastiques, les transparences. J’ai décidé dans cet atelier à développer cette même technique », a expliqué Monnin.
Pascale Monnin s’est réjouie du résultat. Elle a dit trouvé que les jeunes, malgré la situation compliquée, étaient très engagés, faisant l’effort de venir. « On a lu et entendu Alexis. Il a y eu de belles réflexions. On s’est posé des questions. On a écrit, dessiné. C’était très amusant », s’est rappelé la peintre. Puisque certaines personnes n’avaient pas du tout la pratique du dessin, il a fallu trouver un moyen de faire que ces quinze personnes cohabitent ensemble dans la création. Aujourd’hui quand on voit le produit fini, ça a l’air d’une seule et même pièce », s’est-elle félicitée.
« Le Centre d’Art est l’un des derniers petits ilots où la création peut se faire. Les artistes n’ont plus tellement de galerie. Il y a un Momentum dans la culture haïtienne qui n’est pas trop porteur. Et donc félicitation au centre d’Art d’être là et qui continue contre vents et marrées à proposer des ateliers aux jeunes ! », a conclu Pascale Monnin.