Des artistes haïtiens participent à l’exposition "Paris noir" du Centre Pompidou

Oeuvre de Roland Dorcély, exposée dans « Paris noir »

Luce Turnier et Roland Dorcély, membres des premières générations d’artistes ayant fréquenté le Centre d’Art, y sont exposés.

« Paris noir », écrit Alicia Knock, commissaire de l’exposition, cartographie la présence d’artistes africains, afro-américains et caribéens à Paris, de 1947 — année de la création de la revue anticoloniale Présence Africaine — jusqu’aux années 1990, marquées par la chute du régime de l’apartheid et la diffusion de la Revue noire.

Pour la première fois dans une institution nationale française, « Paris noir » retrace cinquante ans d’émancipation et d’expression artistique à Paris.

Parmi les 150 artistes exposés figure Luce Turnier, qui a séjourné à Paris au début des années 1950. Boursière de l’Institut français, du gouvernement haïtien, puis de la Fondation Rockefeller de 1951 à 1953, elle a fait l’expérience enrichissante de l’Art Students League de New York, puis de l’Académie de la Grande Chaumière à Paris.

Elle a régulièrement fréquenté le milieu artistique parisien et a été exposée à plusieurs reprises, notamment lors de l’exposition « Peintres haïtiens » organisée par la Société Générale, agence centrale, en 1992.

oeuvre de Luce Turnier, exposée dans « Paris noir »

Luce Turnier s’est éteinte à Paris le 22 avril 1994 des suites d’un cancer généralisé.

Elle était l’une des rares femmes à avoir été membre fondatrice du Centre d’Art. Elle avait rejoint l’institution en octobre 1944, à l’âge de 21 ans.

Un autre membre fondateur du Centre d’Art est également exposé au Centre Pompidou : Gérald Bloncourt. Exilé à Paris en 1946, il s’y est installé et a poursuivi une carrière artistique prolifique. Artiste aux multiples talents, il s’est illustré dans la peinture, le dessin et la gravure.

Deux autres artistes issus des premières générations du Centre d’Art sont également exposés dans « Paris noir ».

En 1951, bénéficiaire d’une bourse d’études du gouvernement français, Roland Dorcély est parti pour Paris. En chemin, il a fait une halte en Californie, où il a exposé ses œuvres et réalisé quelques peintures murales.

À Paris, il a fréquenté l’École des Arts et Métiers et étudié auprès de Fernand Léger et André Masson. Il y a collaboré également avec les artistes haïtiens Max Pinchinat, Luckner Lazard et Luce Turnier. En 1953, il a épousé la sœur de cette dernière, Nicole Turnier, elle aussi peintre, avec qui il a eu trois enfants. Il s’est lié d’amitié avec Michel Leiris et son épouse Louise, qui l’ont introduit dans le milieu artistique et intellectuel parisien de l’époque.

Il est revenu en Haïti en 1954, mais est reparti la même année pour l’Europe. Grâce à Alfred Métraux, il a découvert l’Italie, puis a séjourné en Suisse et en France, où il a réalisé une peinture murale pour Madame Bergerot-Blondel à Paris. Lors de ce voyage, il a rencontré Pablo Picasso, James Pichette et d’autres figures du monde de l’art.

Roland Dorcély, décédé à New York le jeudi 27 avril 2017 à l’âge de 87 ans, avait rejoint le Centre d’Art à 16 ans, en 1946.

Max Pinchinat a fréquenté le Centre d’Art un peu plus tard, en 1947. Il est parti pour la France dans les années 1950, peu après la dissidence entre un groupe d’artistes et le Centre d’Art en 1950. Il avait bénéficié d’une bourse d’études. Il a passé le reste de sa vie à Paris, où il est décédé en 1985.

Deux artistes encore vivants font également partie de l’exposition

Barbara Prézeau Stephenson est une artiste multidisciplinaire, reconnue internationalement qui partage son temps entre la France et le Canada. Engagée au sein de la communauté culturelle caribéenne, elle a fondé en 1999 la Fondation AfricAmérica. Elle a participé à la 40ᵉ Biennale de La Havane, un événement phare de l’art contemporain sur la scène internationale.

Élodie Barthélemy est une artiste franco-haïtienne qui vit et travaille entre Paris et l’Oise. Sa pratique artistique, d’une subtile radicalité, interroge l’éveil des consciences et la résilience. Artiste engagée et tournée vers la relation, elle anime le collectif Haïti Action Artistes, qu’elle a initié après le séisme de 2010 en Haïti.

oeuvre d’Élodie Barthélemy, exposée dans « Paris noir »