En 1945, le Centre d’Art organisait sa première exposition solo d'une artiste

Andrée Malebranche. © Wikipédia

Il y a 80 ans, le Centre organisait l’exposition Andrée Malebranche, l’une de ses premières expositions d’artiste solo. Organisée seulement un an après sa création, cette exposition témoigne de son engagement en faveur d’une plus grande inclusion sur la scène artistique locale.

Andrée Malebranche faisait partie de la première cohorte de professeurs à enseigner au Centre d’Art lors de sa fondation en 1944. Diplômée du Círculo de Bellas Artes à La Havane en 1941, elle a contribué à la formation de nombreux artistes tels que Luckner Lazard et Luce Turnier.

En 1945, le Centre a souhaité entamer une nouvelle étape dans sa collaboration avec la plasticienne. Il a choisi de lui proposer une exposition solo, qui a eu lieu du 2 avril au 20 mai, alors qu’il fêtait sa première année de création.

L’époque d’une forte marginalisation

Cette exposition a été réalisée dans un contexte où la reconnaissance des femmes artistes était encore marginale. Cette initiative fut un acte audacieux et précurseur.

Dans les années 1940, le monde de l’art haïtien, comme ailleurs, était largement dominé par les hommes. Les artistes masculins accédaient plus facilement aux commandes et à la reconnaissance publique, tandis que les femmes devaient souvent s’imposer dans un environnement peu enclin à valoriser leur travail.

L’exposition d’Andrée Malebranche s’est ainsi inscrite dans un moment clé où le Centre d’Art a affirmé son engagement en faveur d’une plus grande inclusion sur la scène artistique locale.

En exposant Andrée Malebranche, le Centre d’Art a non seulement mis en avant une artiste talentueuse, mais a également posé un jalon pour la reconnaissance des femmes dans le domaine artistique en Haïti. Ce choix témoigne de la volonté de l’institution de promouvoir un art ouvert à tous, sans distinction de genre, et de créer un espace où la créativité féminine pouvait s’exprimer librement.

Bien que les défis auxquels sont confrontées les femmes artistes n’aient pas disparu, cette exposition a marqué une première étape dans un combat plus large pour l’égalité des chances dans le domaine des arts plastiques en Haïti.

Un progrès indéniable, mais un combat toujours d’actualité

Aujourd’hui encore, la question de la place des femmes dans l’histoire de l’art demeure un enjeu important, et des initiatives telles que celle menée par le Centre d’Art en 1945 résonnent avec les préoccupations actuelles de reconnaissance et de visibilité.

Aujourd’hui, cette initiative nous rappelle combien il est crucial de continuer à encourager et à exposer les œuvres des femmes artistes en Haïti, afin que leur talent ne soit plus jamais relégué au second plan.

Le combat initié il y a 80 ans par des pionnières comme Andrée Malebranche doit se poursuivre, afin que les artistes féminines puissent pleinement s’épanouir et obtenir la visibilité qu’elles méritent.