"Résonances" : une installation vidéo de Maksaens Denis sur l'identité caribéenne
« Résonances » est une œuvre qui explore les perceptions et expressions des Caribéens de l’identité caribéenne. Elle est le fruit d’un mois de résidence artistique en mer dans les Caraïbes.
En avril 2023, Maksaens Denis est parti en résidence artistique en Guadeloupe. Il a passé un mois entier à bord d’un bateau, explorant les mers et les côtes de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Dominique et d’autres petites îles avoisinantes.
Durant ce voyage à travers la mer des Caraïbes, le vidéaste s’est attelé à saisir l’essence vibrante qui anime cette région maritime. Il a enregistré les sons des vagues caressant le sable, le clapotis ou le fracas des vagues contre la coque du bateau, le sifflement du vent dans les voiles, les voix des passagers et de l’équipage, les rires, les discussions, les chants ; il a filmé la vie quotidienne animée à bord et sur les plages, avec la mer voyageant gracieusement au gré du vent sous l’éclat brûlant du soleil ou les étoiles scintillant comme des joyaux dans le ciel nocturne.
Maksaens Denis a voulu observer cette mer, qui incarne à la fois les souffrances et les résistances de l’histoire des peuples caribéens. « La mer est généralement une chose positive. Mais pour nous, Caribéens, noirs, elle évoque souvent l’angoisse, une traversée pénible, la noyade, la séparation », a-t-il souligné.
Dans une performance poignante, Maksaens s’est mis en scène pour représenter cette souffrance. Il s’est filmé dans la mer à quatre mètres de profondeur, les pieds et les mains enchaînés. « Je l’ai fait pour signifier l’angoisse de ces vagues que murmurent les récits de migration et de lutte », a-t-il expliqué. « Je me suis fait enchaîner les mains et les pieds, alors que j’étais nu. Je suis descendu à seulement trois ou quatre mètres sous l’eau non loin de la côte, et c’était pour moi, qui ne crains pas la mer, une source d’anxiété. Imaginez la douleur et l’angoisse avant la mort de ceux que l’on balançait par-dessus bord en pleine mer », a-t-il ajouté.
Ces images et ces sons s’harmonisent avec les voix des artistes Joëlle Ferly et Nikki Elisée, ainsi que celles du capitaine du voilier Badach et de son père Shango, qui partagent leur perception de l’identité caribéenne. Ils évoquent les difficultés et les défis auxquels les peuples de la région font face pour communiquer et se connecter malgré leur ressemblance et leur origine commune.
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Pendant son périple, l’artiste a découvert l’ilêt Kawan reflétant une réalité apocalyptique, avec des arbustes et des troncs d’arbres morts sur un sable mouvant, où il a réalisé une seconde performance. « Je me suis filmé et photographié nu, debout dans ce décor ou en position fœtale sur le sol », a raconté Maksaens. « J’ai eu envie de montrer un décor différent des images stéréotypées de la Caraïbe. Elles renforcent l’idée de passé, de présent, ou encore le rien, le temps qui passe, la vie, la mort », a-t-il expliqué.
Les photos, vidéos et sons de cette aventure composent une installation sonore multipiste (3 canaux), présentée dans l’exposition « Sons mêlés » au Musée Rouyn-Noranda, du 7 juin au 6 octobre.
Cette création a été réalisée lors d’une résidence en mer A.I.R. organisée par l’Artocarpe et É.P.I.C.E.S. en Guadeloupe.